Récital L’Itinéraire

Le Festival Messiaen au Pays de la Meije se clôture en Matheysine, au coeur des paysages qui faisaient vibrer Olivier Messiaen, avec L’Itinéraire, ensemble invité de cette 25e édition à l’occasion de ses cinquante ans. La formation a su se démarquer à sa création et s’imposer dans le paysage musical contemporain en défendant une nouvelle approche de la composition, prenant pour point de départ l’exploration du timbre et du phénomène sonore. Le concert proposé à l’église de Saint-Théoffrey est représentatif des générations de compositeurs qui se sont succédé et des répertoires défendus par l’ensemble.
Le programme s’ouvre avec l’un des fondateurs de L’Itinéraire, Roger Tessier, compositeur au vaste catalogue influencé notamment par le théâtre et la littérature et auteur de nombreuses oeuvres pédagogiques. Scène II pour vibraphone et clarinette, deuxième pièce d’une série de six pour différents instruments, est une commande des Semaines Musicales Internationales de la ville d’Orléans. Michaël Levinas figure parmi les premiers compositeurs associés à la création de l’Itinéraire, proche du mouvement spectral tout en ayant tracé une voie à part.
Dans Arsis et Thésis ou la chanson du souffle, « la phrase surgit sans paroles dans une respiration qui interroge et se plaint ». Gérard Grisey situait Claude Vivier, compositeur québécois inclassable disparu tragiquement en 1983 à 34 ans seulement, « entre la musique de Messiaen, qu’il connaissait par Gilles Tremblay, la musique de Stockhausen, et la musique spectrale ».
Pièce pour violoncelle et piano répond à une commande du concours du Tremplin international de Montréal de 1975, pour jeunes interprètes. L’écriture de Echoing Forest II de Fuminori Tanada, également pianiste attitré de L’Itinéraire depuis de nombreuses années, se base sur des glissandi et trémolos de violon, auxquels répondent des cascades de notes dans l’aigu du piano.
Première création mondiale du programme, Xlokk pour cor de François Bousch est dédiée à Éric Villevière qui l’a conseillé dans l’écriture de l’instrument. Xlokk (à prononcer « chloc ») fait référence au vent du sud en pays maltais, chaud et bienfaisant, qui surprend en amenant avec lui des sables colorés venant du Sahara. Le paysage change et deux sentiments se mêlent, « celui de la beauté magnifique des couleurs ainsi produites, celui de la gêne de ce grain incongru qui vous saisit tout à coup. » (François Bousch)
Le titre Les Lettres enlacées de Michaël Levinas fait référence « à une écriture basée à la fois sur le chevauchement, la superposition, le croisement, et le retour à une répartition quasi parallèle de deux voix mélodiques. » Il en existe cinq déclinaisons, pour différentes formations (quatuor vocal, alto, violoncelle, quintette à cordes et deux altos).
Le compositeur iranien Sina Fallahzadeh, né en 1981, mêle contemporanéité et éléments de la musique traditionnelle persane, mais aussi d’autres cultures et époques, dans sa démarche compositionnelle. Deuxième création du programme, Spazio Datemi s’appuie sur un poème d’Alda Merini, l’une des grandes poétesses italiennes du XXe siècle.

Musiciens de L’Itinéraire
David Chevalier, piano
Apolline Kirklar, violon
Julie Brunet-Jailly, flûte
Juliette Adam, clarinette
Antoine Dreyfuss, cor
Vincent Lhermet, accordéon
Christophe Bredeloup, percussion
Myrtille Hetzel, violoncelle